2 jours de terrain pour se mettre dans lŽambiance

Publié le par mimil et alex

Mercredi 13 / Jeudi 14 septembre :

Voilà deux journées que nous avons passées dans un 4x4 de 7 h du matin à 20/21 h. Autant dire que nos séants s´en souviennent...

Mais ce qui compte c´est surtout ce que nous avons vu durant ces deux jours. Nous étions avec Enrique MIRANDA (c´est lui qui nous encadre pendant le stage et Hector SUBIABRE son assistant), c´est eux les responsables du programme Bofedales. Nous nous sommes rendu à Visviri, petit village le plus au nord du Chili, à quelques kilomètres du Pérou et de la Bolivie. C´est un village de l´altiplano prés duquel se côtoient poste frontière, une gare du train "Arica La Paz" et des pâtures, des lamas, des volcans...

Le but de ces deux jours était de rendre visite à des éleveurs de l´altiplano qui possèdent des bofedales "dégradés". Une fois avec eux, on allait sur le bofedal, on discutait des problèmes qu´il pouvait y avoir (surpâturage, qualité de la distribution en eau, érosion...), de leur motivation à faire des travaux (quantité de main d´oeuvre), du nombre de personnes bénéficiaires (parents du propriétaires) et des travaux en eux même. Finalement, on discutait du matériel dont ils auraient besoin (pelles pioches et brouettes, tuyaux pour canalisation dans certains cas)

On a rencontré une dizaine de personnes et on était à chaque fois présentés comme deux ingénieurs français (alors que nous ne sommes qu´étudiants), ce qui laissait sceptique la plupart des gens. Toutefois, on a été toujours trés bien accueillis et on a pu parler facilement avec ces personnes. Ceci a permis de se rendre compte de quelques petites choses : l´exode rural est assez fort sur ces hauts plateaux, surtout chez les jeunes. Les éleveurs ont donc tous un âge que nous qualifieront de "mûr" pour ne vexer personne. Par exemple, on a rencontré une dame qui devait approcher les 70 ans et qui, toute seule, envisageait de construire son réseaux de canaux dans sa pâture.

Ceci pose évidemment le problème de la gestion de ces terres à la mort de ces gens. La solution vient de l´étrangers. En effet, les fils et filles d´éleveurs sont prêts à payer des ouvriers péruviens ou boliviens (dont la main d´oeuvre est vraiment peu chère) pour garder la possession des terres et de bétail sans avoir à vivre sur l´altiplano. Ils vivent pour la plupart à Arica, où ils ont un autre métier et remonte le week end pour voir la famille.

Nous avons souvent rencontré des femmes pour la visite des bofedales. Il semble en effet, d´aprés nos "collègues", que dans la culture Aymara (c´est le nom de la tribu dont descendent beaucoup de gens de l´altiplano), l´homme ait une responsabilité sociale a assumer (réunion...) et passe donc le plus clair de son temps avec d´autres hommes à régler diverses problèmes. La femme, quant à elle, s´occupe de la maison, du bétail, des enfants... Cela nous a paru un peu carricatural tout de même et nous attendont la suite pour en savoir d´avantage.

Sur l´altiplano, il y a des villages, ce sont des centres administratifs (mairie, Conaf, SAG...) mais la plupart des éleveurs vivent à l´écart des villages, plus ou moins loin. Ils habitent des "estancia". ce sont de petites fermes composées au moins d´une maison sans fenêtre pour garder la chaleur, avec une ou deux porte mal isolée. La vie la journée  se passe beaucoup à l´extérieure de la maison, que ce soit pour la cuisine ou pour garder les bêtes. Autour de l´habitation rudimentaire, on peut parfois trouver une petite remise, mais ce qu´il y a toujours, c´est un "corral" : enclos en pierre ou clôturé de fils de fer où le troupeau passe la nuit. Ils se ravitaillent une fois par semaine au marché ou en descendant en ville.

Concernant le travail de la Conaf, le principe est de mettre à disposition de la population des outils, rudimentaires comme des pelles ou des pioches, pour assurer le maintien des pâtures. Bizarre nous diras tu, ces outils coûtent peu cher et entretenir son bofedal semble être un bon investissement pour un éleveur qui souhaite tirer un bon profit de son troupeau : l´alimentation du bétail a une influence directe sur la production de laine, la natalité... Mais les peuples de l´altiplano chilien ont été habitué à une aide forte de l´état et cela se transmet à la jeune génération. En effet, sous Pinochet, la politique intérieure visait à une uniformisation pour donner un sentiment d´unité au pays. Dans une région aussi pauvre que l´altiplano, cela s´est traduit par des aides trés appuyées dans tous les secteurs. Cest ainsi que chaque village a son école et que à Visviri (quelques centaines d´habitants) on trouve un collège. Cependant du côté agropastoral, les éleveurs attendent toujours tout de l´état qui organise toutes sortes de programmes pour préserver l´équilibre économique régional et maintenir l´activité et l´entretien de ces terres : campagnes de vaccination du bétail, programme Bofedales...

Grâce à ces deux jours, on a découvert beaucoup sur ce milieu, ces gens. Reste, au travers de notre propre travail, à nous situer dans ce monde.

 

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S
Salut les jeunes !  Trop bien, ce blog. Je le découvre à l'instant (il n'a pas l'air bien vieux); je risque fort d'y revenir.  A très bientôt pour de futurs commentaires.Sigma.
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C
Encore une fois bravo pour votre blog! C'est "presque" comme si on y était... En tout cas, c'est tout un programme qui vous attend... <br /> Biz aux alpacas!<br /> Heu..., sinon j'espère que vous intégrez pas trop ces pratiques ancestrales Aymara, faut pas rêver les gars!!!
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N
" Nous avons souvent rencontre des femmes pour la visite", j vois que vs ennuye pas...  "La femme quant a elle s'occupe de la maison, du betail, des enfants" certe, et c'est bien la son role...mais comment fait on pour restaurer cette pratique ancestrale lorsque la societe moderne francaise a efface tous ces reperes ? Bonne chance avec Teresa et Caroline?... 
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F
j'apprécie beaucoup de pouvoir " cheminer" avec vous  au fil des jours ou semaines: les récits sont très interessants et les photos qui accompagnent  ont pour effet de donner envie de se rendre sur place!
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